L’art-thérapie est une technique de psychothérapie reposant sur l’utilisation de divers outils artistiques. Grâce à l’art, le patient s’exprime en laissant sortir ses émotions et souffrances dans un but de mieux-être.
L’art qui guérit n’est pas un concept récent. L’utilisation de divers arts dans une optique de guérison a existé tout au long de l’histoire de l’humanité et dans différentes cultures. « Il faudra attendre toutefois la moitié du XXe siècle pour que la notion d’art-thérapie apparaisse », indique Nicolas Cadic, coach professionnel. Élaborée à partir de fondements psychanalytiques du début du XXe siècle, la technique s’est ensuite construite grâce au travail de recherche de médecins, psychiatres, psychologues, psychanalystes, éducateurs et bien entendu artistes, faisant le lien pour certains entre art et inconscient. « C’est essentiellement au travers de rencontres entre thérapeutes et artistes que l’art-thérapie s’est conceptualisée et a pu évoluer, précise Nicolas Cadic. L’art-thérapie peut être abordée de deux manières différentes, poursuit-il, une première qui se concentre sur le processus créatif lui-même et l’aspect métaphorique des travaux, une seconde qui amène à compléter l’acte de création et de découverte de ce qui a été créé. »
Freund et Jung ont eu deux approches différentes de l’art-thérapie. Le premier interprétait l’oeuvre du patient tandis que le second laissait le soin au patient de trouver lui-même le sens de sa production. Dans l’ouvrage Initiation à l’art thérapie, Jean-Pierre Klein, psychiatre, chercheur en psychothérapie, figure centrale de la théorisation de l’art-thérapie en France, définit ainsi cette méthode : « L’art-thérapie est l’accompagnement de personnes en difficulté physique, psychologique, existentielle ou en développement personnel, mises en position de création de sorte que leurs productions évoquent de façon indirecte leurs problèmes et, par là même, contribuent à les résoudre. » L’art-thérapeute va alors accompagner une personne en utilisant divers outils artistiques, le chant, la peinture, la danse, la musique, le théâtre, l’écrit, le collage…
En art-thérapie, le but du processus n’est évidemment pas artistique. On ne se préoccupe pas de la qualité ou de l’apparence de l’oeuvre finale, de la fluidité d’une danse, de la justesse du chant. La démarche thérapeutique consiste à laisser progressivement surgir ses images intérieures, qui peuvent être autant le reflet d’expériences du passé que de rêves auxquels on aspire. Le geste créateur sollicite l’imagination, l’intuition, la pensée, les émotions, le lâcher-prise, la libération. L’expérience, en plus de dévoiler certains aspects de soi, peut générer une vision et des comportements nouveaux qui contribueront à des guérisons physiques, émotives ou spirituelles.
L’usage de la musique à des fins thérapeutiques est sans doute l’une des plus anciennes traditions de l’humanité. Depuis la nuit des temps, de l’Égypte ancienne à la Sibérie, de la Chine à la Grèce antique en passant par l’Amérique, l’Afrique, l’Inde et l’Occident, chamanes, prêtres, moines et médecins ont utilisé leurs chants et le son de leur voix pour guérir.
La voix transmet les émotions, l’état d’esprit d’une personne, sa personnalité et bien plus encore, témoigne des blocages émotionnels et de barrières mentales. Elle traduit tout. Le travail spécifique de la voix avec ses vocalises permet de rétablir l’harmonie entre les différents niveaux de l’être : physique, mental, émotionnel et spirituel. Le chant est libérateur : pas d’objectif compétitif, pas de mental, juste des sons, des vibrations peuvent suffire à vous permettre de vous délivrer de souffrances et de maux. La voix traduit notre structure mentale et physique avec nos croyances limitantes, nos peurs. Elle exprime aussi notre monde émotionnel en lien avec celle-ci. Notre voix nous révèle, par ses inflexions, ses tensions, sa force, ses voiles, sa clarté, des états émotionnels vibrant en nous. Les sons et le chant permettent une mise à nu de tout notre être. « Un son est énergie, vibration, il a un impact direct sur notre système biologique. Travailler sa voix, c’est travailler son intériorité », explique Enaëlle Deschamps, créatrice des Élans chantés qui propose des séances et ateliers souffle et voix. « Bien évidemment, peu importe si l’on sait chanter ou pas », poursuit-elle.
Comme l’a démontré Marie-Louise Aucher, cantatrice et musicienne à l’origine de la psychophonie dans les années 1960, chaque note résonne à un endroit particulier du corps et il en va de même pour les voyelles. Par le biais des vocalises et du chant, le praticien aide l’individu à mieux se connaitre et à trouver l’harmonie. « Tout le corps est sollicité́ dans le chant, soit les cordes vocales, mais aussi les zygomatiques, ces muscles faciaux dont l’exercice Le chant est une branche de l’artthérapie qui fait partie des techniques brèves et non verbales. Il est un fabuleux outil qui permet de se libérer, d’exprimer des émotions et de retrouver l’harmonie. Le pouvoir du son contribuera à conserver la tonicité́ du visage, les abdominaux, la colonne vertébrale, les muscles du dos, le diaphragme, le périnée », détaille Enaëlle Deschamps. Chanter permet de s’ancrer, de prendre sa place. Quand on travaille le chant, on travaille le souffle et on approfondit la respiration. « Respirer est une des clés de la sérénité́, de l’harmonie », souligne Enaëlle Deschamps.
En générant une sécrétion d’endorphine, l’hormone du bonheur, le chant permet de se détendre, de lâcher prise, de se soulager de fortes tensions émotionnelles qui peuvent être profondes et d’évacuer le stress. Au fil de la pratique, le chant permet de prendre confiance en soi et de mieux communiquer. En permettant d’apprendre à bien placer sa voix, le chant peut vaincre la timidité et développer une certaine aisance pour parler en public. Mentalement, le chant entraîne le développement de bon nombre d’aptitudes, comme la concentration, et l’apprentissage. En neurologie, les bienfaits de la musique sont nombreux dans la prise en charge de troubles neurodégénératifs comme les démences, la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson. « On s’aperçoit que les bienfaits du chant finalement se situent à plusieurs niveaux, physiques, émotionnels, mentaux », relève Enaëlle Deschamps. Alors, chantez maintenant !
La porte vers l’intérieur de Cindy Jacquemet
L’expérience artistique porte en elle un certain apaisement. Dans son ouvrage Poétique, Aristote attribue à la tragédie un pouvoir de purge, de purification des passions du spectateur. Ce pouvoir libérateur, d’apaisement, s’appelle catharsis, qui, conformément à son étymologie grecque, a pour fonction de nettoyer, séparer le bon du mauvais. Il s’agit d’une métaphore empruntée au vocabulaire médical, qui, par la représentation esthétique de l’art, opère la transformation des émotions négatives (pitié et frayeur) en émotions positives (soulagement et plaisir).
Dans une thérapie par les arts plastiques, il ne s’agit pas de réaliser une oeuvre parfaite, susceptible d’être exposée, mais de se découvrir intimement au travers du processus créatif. Car le geste artistique fait intervenir, avant la pensée rationnelle et le langage verbal, celui du corps, des sensations, des émotions, du rêve, du fantasme, de l’imaginaire… Qu’importe que la création soit maladroite ou dérangeante tant qu’elle est une expression vraie et authentique.
Les personnes qui débutent une thérapie par la peinture sont souvent timides, renfermées et ont des difficultés à communiquer avec leur entourage familial ou en société. Via la peinture, elles vont parvenir à laisser libre cours à leur créativité et à exprimer leurs sentiments, leurs émotions, leurs souffrances, leurs blocages. En observant et en analysant leurs oeuvres, elles pourront mettre une certaine distance entre leurs émotions intérieures, ce qu’elles pensent d’elles-mêmes et ce qu’elles ont dessiné. Par exemple, une colère exprimée sur la toile ne présentera plus ce caractère menaçant directement notre intégrité. Au contraire, elle prouvera qu’elle peut quitter le sujet pour être représentée dans un objet. La peinture thérapie va mettre en pleine lumière les zones les plus sombres de la psyché humaine. S’exprimer permet ainsi de libérer ce qui a été retenu jusqu’à être cristallisé en douleur, les problèmes se dessinant les uns après les autres sont alors dédramatisés, transformés en jeux de couleurs et d’énergies. C’est d’ailleurs là tout le pouvoir de la peinture, aspirer à une réconciliation profonde avec soi-même. De manière plus générale, les troubles du comportement, les difficultés d’adaptation, les problèmes psychologiques liés aux handicaps sensoriels et physiques, pourront être dévoilés par la peinture-thérapie. Dans des cas extrêmes comme la psychose, la peinture-thérapie pourra canaliser l’activité mentale, structurer l’espace intérieur et donner du sens aux sensations ainsi qu’aux émotions. En somme, nous pouvons tous prendre des pinceaux pour régler la moindre anxiété ou angoisse et éprouver enfin un sentiment de plénitude, de bien-être, ressentir de bonheur, de l’amour, de l’empathie et de la paix.
Outre la réalisation d’une peinture dans le cas d’une thérapie, observer une oeuvre d’art est une expérience qui permet également de ressentir l’émerveillement et l’appréciation du beau guidant ainsi notre épanouissement. Contempler une oeuvre d’art est une occasion de transformer son regard sur le monde et de cultiver son bonheur. Aujourd’hui, l’évolution et les bienfaits de la fréquentation culturelle à des fins thérapeutiques sont tels que certains médecins encouragent cette pratique avec une ordonnance inédite : la prescription muséale. Une consolidation des liens entre le muséal et le médical afin d’encourager les bienfaits de l’art sur la santé. Selon Nathalie Bondil, muséologue canadienne : « Peu de citoyens ont le réflexe d’aller au musée pour se rasséréner, se sentir mieux. Or, en admirant un tableau, l’émotion esthétique qui en découle répond à des besoins physiologiques. Le musée est un temple de beauté donnant lieu à une communication sensible et qui dit beauté, dit santé. Nous avons donc créé la prescription muséale au Musée des Beaux Art de Montréal avec les Médecins Francophones du Canada ».
Cindy Jacquemet est dans cette dynamique. Cette plasticienne crée des toiles inspirées de la géométrie sacrée, de mandalas, de codes visibles dans la nature. « Je suis sensible aux symboles que l’on retrouve dans la nature, le langage mathématique universel me fascine car que l’on parte de l’infiniment petit à l’infiniment grand, les mêmes codes mathématiques sont présents. Je parle le langage mathématique universel. » Fleur de vie, nombre d’or, spirale de Fibonaci, cubes de Métatron, étoiles, galaxies, éléments de la nature prennent forme dans ses peintures pointillistes. Des symboles sacrés qui vont vibrer énergétiquement sur ses toiles et rentrer en connexion avec la personne qui les contemple. « Il faut que la peinture que je réalise pour une personne soit en connexion avec elle, qu’elle lui évoque quelque chose, qu’elle provoque des émotions. » Bel élan artistique et du coeur !
Le concept de thérapie par la danse est apparu au cours des années 1940. La danse répondait, entre autres, au besoin de trouver une approche non verbale pour traiter les patients souffrant de troubles psychiatriques. La danse-thérapie est une prise en charge psychocorporelle qui utilise le mouvement comme outil pour aider les personnes à dépasser leur mal-être physique et psychique. Elle combine la communication non verbale, la rythmicité et l’improvisation pour fournir un espace d’expression pour ses émotions. En danse, le désir de maîtriser la technique prime alors qu’en danse-thérapie, c’est l’expression de soi, l’émotion, l’intensité qui sont recherchées. Il n’y a pas d’apprentissage. Le corps devient l’instrument à partir duquel on apprend à être bien dans sa peau. Face à une grande joie, le corps s’exprime par différents moyens, parfois en frappant dans nos mains, en sautant, en serrant quelqu’un dans nos bras. Notre expression corporelle et notre état d’esprit sont intimement liés, et les mouvements, que nous éprouvons le besoin de faire, peuvent être aussi variés que la palette de nos émotions.
« La danse permet de se réconcilier avec son corps, de révéler notre potentiel créatif, de reprendre confiance en soi, de retrouver l’estime de soi », relève Olivia-Manissa Panatte, artiste et pédagogue. Avec Alice Pierre, Olivia-Manissa Panatte a créé l’association Mathiila dont l’objectif est d’aider les femmes à redonner de la place au corps, à l’assumer. « Prendre conscience de son corps, c’est également explorer ses émotions, ses ressentis qui sont parfois difficiles à exprimer verbalement », poursuit-elle. Dans cette optique, l’association propose tout au long de l’année des ateliers Empuissancement qui associent la danse créative à un autre art, le théâtre notamment, avec Lorena Pizarro. Empuissancement, empowerment en anglais, signifie reprendre le contrôle sur soi-même. « La découverte de leurs potentiels à travers la danse créative peut redonner de la puissance aux femmes », explique Olivia-Manissa Panatte. L’artiste organise également des sessions parents enfants. « Ce sont des moments d’épanouissement pour les parents et les enfants, de joie et de communion », souligne Olivia-Manissa Panatte.
La danse peut être utilisée en thérapie pour toute personne qui souhaite améliorer l’estime de soi, atténuer le stress, l’anxiété, les tensions physiques… Certaines organisations, proposant la danse comme thérapie, s’adressent plus particulièrement aux personnes fragilisées. Cela peut concerner des personnes isolées, celles qui ont subi des violences ou encore celles qui font face à la maladie. Des partenariats sont d’ailleurs mis en place dans certains hôpitaux. Comme la danse-thérapie ne repose pas sur la performance, il n’y a pas d’échec, et tout le monde en retire des bénéfi ces qui lui sont propres.
Contacts Nicolas Cadic, tél. : 75 00 29
Enaëlle Deschamps, Les élans chantés, tél. : 73 18 86
Cindy Jacquemet, Lumière du Bonheur, tél. : 77 14 13
Olivia-Manissa Panatte, association Mathiila, Les ateliers empuissancement, tél. : 78 87 12
Texte Frédérique de Jode
L’art qui guérit n’est pas un concept récent. L’utilisation de divers arts dans une optique de guérison a existé tout au long de l’histoire de l’humanité et dans différentes cultures. « Il faudra attendre toutefois la moitié du XXe siècle pour que la notion d’art-thérapie apparaisse », indique Nicolas Cadic, coach professionnel. Élaborée à partir de fondements psychanalytiques du début du XXe siècle, la technique s’est ensuite construite grâce au travail de recherche de médecins, psychiatres, psychologues, psychanalystes, éducateurs et bien entendu artistes, faisant le lien pour certains entre art et inconscient. « C’est essentiellement au travers de rencontres entre thérapeutes et artistes que l’art-thérapie s’est conceptualisée et a pu évoluer, précise Nicolas Cadic. L’art-thérapie peut être abordée de deux manières différentes, poursuit-il, une première qui se concentre sur le processus créatif lui-même et l’aspect métaphorique des travaux, une seconde qui amène à compléter l’acte de création et de découverte de ce qui a été créé. »
Freund et Jung ont eu deux approches différentes de l’art-thérapie. Le premier interprétait l’oeuvre du patient tandis que le second laissait le soin au patient de trouver lui-même le sens de sa production. Dans l’ouvrage Initiation à l’art thérapie, Jean-Pierre Klein, psychiatre, chercheur en psychothérapie, figure centrale de la théorisation de l’art-thérapie en France, définit ainsi cette méthode : « L’art-thérapie est l’accompagnement de personnes en difficulté physique, psychologique, existentielle ou en développement personnel, mises en position de création de sorte que leurs productions évoquent de façon indirecte leurs problèmes et, par là même, contribuent à les résoudre. » L’art-thérapeute va alors accompagner une personne en utilisant divers outils artistiques, le chant, la peinture, la danse, la musique, le théâtre, l’écrit, le collage…
En art-thérapie, le but du processus n’est évidemment pas artistique. On ne se préoccupe pas de la qualité ou de l’apparence de l’oeuvre finale, de la fluidité d’une danse, de la justesse du chant. La démarche thérapeutique consiste à laisser progressivement surgir ses images intérieures, qui peuvent être autant le reflet d’expériences du passé que de rêves auxquels on aspire. Le geste créateur sollicite l’imagination, l’intuition, la pensée, les émotions, le lâcher-prise, la libération. L’expérience, en plus de dévoiler certains aspects de soi, peut générer une vision et des comportements nouveaux qui contribueront à des guérisons physiques, émotives ou spirituelles.
L’usage de la musique à des fins thérapeutiques est sans doute l’une des plus anciennes traditions de l’humanité. Depuis la nuit des temps, de l’Égypte ancienne à la Sibérie, de la Chine à la Grèce antique en passant par l’Amérique, l’Afrique, l’Inde et l’Occident, chamanes, prêtres, moines et médecins ont utilisé leurs chants et le son de leur voix pour guérir.
La voix transmet les émotions, l’état d’esprit d’une personne, sa personnalité et bien plus encore, témoigne des blocages émotionnels et de barrières mentales. Elle traduit tout. Le travail spécifique de la voix avec ses vocalises permet de rétablir l’harmonie entre les différents niveaux de l’être : physique, mental, émotionnel et spirituel. Le chant est libérateur : pas d’objectif compétitif, pas de mental, juste des sons, des vibrations peuvent suffire à vous permettre de vous délivrer de souffrances et de maux. La voix traduit notre structure mentale et physique avec nos croyances limitantes, nos peurs. Elle exprime aussi notre monde émotionnel en lien avec celle-ci. Notre voix nous révèle, par ses inflexions, ses tensions, sa force, ses voiles, sa clarté, des états émotionnels vibrant en nous. Les sons et le chant permettent une mise à nu de tout notre être. « Un son est énergie, vibration, il a un impact direct sur notre système biologique. Travailler sa voix, c’est travailler son intériorité », explique Enaëlle Deschamps, créatrice des Élans chantés qui propose des séances et ateliers souffle et voix. « Bien évidemment, peu importe si l’on sait chanter ou pas », poursuit-elle.
Comme l’a démontré Marie-Louise Aucher, cantatrice et musicienne à l’origine de la psychophonie dans les années 1960, chaque note résonne à un endroit particulier du corps et il en va de même pour les voyelles. Par le biais des vocalises et du chant, le praticien aide l’individu à mieux se connaitre et à trouver l’harmonie. « Tout le corps est sollicité́ dans le chant, soit les cordes vocales, mais aussi les zygomatiques, ces muscles faciaux dont l’exercice Le chant est une branche de l’artthérapie qui fait partie des techniques brèves et non verbales. Il est un fabuleux outil qui permet de se libérer, d’exprimer des émotions et de retrouver l’harmonie. Le pouvoir du son contribuera à conserver la tonicité́ du visage, les abdominaux, la colonne vertébrale, les muscles du dos, le diaphragme, le périnée », détaille Enaëlle Deschamps. Chanter permet de s’ancrer, de prendre sa place. Quand on travaille le chant, on travaille le souffle et on approfondit la respiration. « Respirer est une des clés de la sérénité́, de l’harmonie », souligne Enaëlle Deschamps.
En générant une sécrétion d’endorphine, l’hormone du bonheur, le chant permet de se détendre, de lâcher prise, de se soulager de fortes tensions émotionnelles qui peuvent être profondes et d’évacuer le stress. Au fil de la pratique, le chant permet de prendre confiance en soi et de mieux communiquer. En permettant d’apprendre à bien placer sa voix, le chant peut vaincre la timidité et développer une certaine aisance pour parler en public. Mentalement, le chant entraîne le développement de bon nombre d’aptitudes, comme la concentration, et l’apprentissage. En neurologie, les bienfaits de la musique sont nombreux dans la prise en charge de troubles neurodégénératifs comme les démences, la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson. « On s’aperçoit que les bienfaits du chant finalement se situent à plusieurs niveaux, physiques, émotionnels, mentaux », relève Enaëlle Deschamps. Alors, chantez maintenant !
La porte vers l’intérieur de Cindy Jacquemet
L’expérience artistique porte en elle un certain apaisement. Dans son ouvrage Poétique, Aristote attribue à la tragédie un pouvoir de purge, de purification des passions du spectateur. Ce pouvoir libérateur, d’apaisement, s’appelle catharsis, qui, conformément à son étymologie grecque, a pour fonction de nettoyer, séparer le bon du mauvais. Il s’agit d’une métaphore empruntée au vocabulaire médical, qui, par la représentation esthétique de l’art, opère la transformation des émotions négatives (pitié et frayeur) en émotions positives (soulagement et plaisir).
Dans une thérapie par les arts plastiques, il ne s’agit pas de réaliser une oeuvre parfaite, susceptible d’être exposée, mais de se découvrir intimement au travers du processus créatif. Car le geste artistique fait intervenir, avant la pensée rationnelle et le langage verbal, celui du corps, des sensations, des émotions, du rêve, du fantasme, de l’imaginaire… Qu’importe que la création soit maladroite ou dérangeante tant qu’elle est une expression vraie et authentique.
Les personnes qui débutent une thérapie par la peinture sont souvent timides, renfermées et ont des difficultés à communiquer avec leur entourage familial ou en société. Via la peinture, elles vont parvenir à laisser libre cours à leur créativité et à exprimer leurs sentiments, leurs émotions, leurs souffrances, leurs blocages. En observant et en analysant leurs oeuvres, elles pourront mettre une certaine distance entre leurs émotions intérieures, ce qu’elles pensent d’elles-mêmes et ce qu’elles ont dessiné. Par exemple, une colère exprimée sur la toile ne présentera plus ce caractère menaçant directement notre intégrité. Au contraire, elle prouvera qu’elle peut quitter le sujet pour être représentée dans un objet. La peinture thérapie va mettre en pleine lumière les zones les plus sombres de la psyché humaine. S’exprimer permet ainsi de libérer ce qui a été retenu jusqu’à être cristallisé en douleur, les problèmes se dessinant les uns après les autres sont alors dédramatisés, transformés en jeux de couleurs et d’énergies. C’est d’ailleurs là tout le pouvoir de la peinture, aspirer à une réconciliation profonde avec soi-même. De manière plus générale, les troubles du comportement, les difficultés d’adaptation, les problèmes psychologiques liés aux handicaps sensoriels et physiques, pourront être dévoilés par la peinture-thérapie. Dans des cas extrêmes comme la psychose, la peinture-thérapie pourra canaliser l’activité mentale, structurer l’espace intérieur et donner du sens aux sensations ainsi qu’aux émotions. En somme, nous pouvons tous prendre des pinceaux pour régler la moindre anxiété ou angoisse et éprouver enfin un sentiment de plénitude, de bien-être, ressentir de bonheur, de l’amour, de l’empathie et de la paix.
Outre la réalisation d’une peinture dans le cas d’une thérapie, observer une oeuvre d’art est une expérience qui permet également de ressentir l’émerveillement et l’appréciation du beau guidant ainsi notre épanouissement. Contempler une oeuvre d’art est une occasion de transformer son regard sur le monde et de cultiver son bonheur. Aujourd’hui, l’évolution et les bienfaits de la fréquentation culturelle à des fins thérapeutiques sont tels que certains médecins encouragent cette pratique avec une ordonnance inédite : la prescription muséale. Une consolidation des liens entre le muséal et le médical afin d’encourager les bienfaits de l’art sur la santé. Selon Nathalie Bondil, muséologue canadienne : « Peu de citoyens ont le réflexe d’aller au musée pour se rasséréner, se sentir mieux. Or, en admirant un tableau, l’émotion esthétique qui en découle répond à des besoins physiologiques. Le musée est un temple de beauté donnant lieu à une communication sensible et qui dit beauté, dit santé. Nous avons donc créé la prescription muséale au Musée des Beaux Art de Montréal avec les Médecins Francophones du Canada ».
Cindy Jacquemet est dans cette dynamique. Cette plasticienne crée des toiles inspirées de la géométrie sacrée, de mandalas, de codes visibles dans la nature. « Je suis sensible aux symboles que l’on retrouve dans la nature, le langage mathématique universel me fascine car que l’on parte de l’infiniment petit à l’infiniment grand, les mêmes codes mathématiques sont présents. Je parle le langage mathématique universel. » Fleur de vie, nombre d’or, spirale de Fibonaci, cubes de Métatron, étoiles, galaxies, éléments de la nature prennent forme dans ses peintures pointillistes. Des symboles sacrés qui vont vibrer énergétiquement sur ses toiles et rentrer en connexion avec la personne qui les contemple. « Il faut que la peinture que je réalise pour une personne soit en connexion avec elle, qu’elle lui évoque quelque chose, qu’elle provoque des émotions. » Bel élan artistique et du coeur !
Le concept de thérapie par la danse est apparu au cours des années 1940. La danse répondait, entre autres, au besoin de trouver une approche non verbale pour traiter les patients souffrant de troubles psychiatriques. La danse-thérapie est une prise en charge psychocorporelle qui utilise le mouvement comme outil pour aider les personnes à dépasser leur mal-être physique et psychique. Elle combine la communication non verbale, la rythmicité et l’improvisation pour fournir un espace d’expression pour ses émotions. En danse, le désir de maîtriser la technique prime alors qu’en danse-thérapie, c’est l’expression de soi, l’émotion, l’intensité qui sont recherchées. Il n’y a pas d’apprentissage. Le corps devient l’instrument à partir duquel on apprend à être bien dans sa peau. Face à une grande joie, le corps s’exprime par différents moyens, parfois en frappant dans nos mains, en sautant, en serrant quelqu’un dans nos bras. Notre expression corporelle et notre état d’esprit sont intimement liés, et les mouvements, que nous éprouvons le besoin de faire, peuvent être aussi variés que la palette de nos émotions.
« La danse permet de se réconcilier avec son corps, de révéler notre potentiel créatif, de reprendre confiance en soi, de retrouver l’estime de soi », relève Olivia-Manissa Panatte, artiste et pédagogue. Avec Alice Pierre, Olivia-Manissa Panatte a créé l’association Mathiila dont l’objectif est d’aider les femmes à redonner de la place au corps, à l’assumer. « Prendre conscience de son corps, c’est également explorer ses émotions, ses ressentis qui sont parfois difficiles à exprimer verbalement », poursuit-elle. Dans cette optique, l’association propose tout au long de l’année des ateliers Empuissancement qui associent la danse créative à un autre art, le théâtre notamment, avec Lorena Pizarro. Empuissancement, empowerment en anglais, signifie reprendre le contrôle sur soi-même. « La découverte de leurs potentiels à travers la danse créative peut redonner de la puissance aux femmes », explique Olivia-Manissa Panatte. L’artiste organise également des sessions parents enfants. « Ce sont des moments d’épanouissement pour les parents et les enfants, de joie et de communion », souligne Olivia-Manissa Panatte.
La danse peut être utilisée en thérapie pour toute personne qui souhaite améliorer l’estime de soi, atténuer le stress, l’anxiété, les tensions physiques… Certaines organisations, proposant la danse comme thérapie, s’adressent plus particulièrement aux personnes fragilisées. Cela peut concerner des personnes isolées, celles qui ont subi des violences ou encore celles qui font face à la maladie. Des partenariats sont d’ailleurs mis en place dans certains hôpitaux. Comme la danse-thérapie ne repose pas sur la performance, il n’y a pas d’échec, et tout le monde en retire des bénéfi ces qui lui sont propres.
Contacts Nicolas Cadic, tél. : 75 00 29
Enaëlle Deschamps, Les élans chantés, tél. : 73 18 86
Cindy Jacquemet, Lumière du Bonheur, tél. : 77 14 13
Olivia-Manissa Panatte, association Mathiila, Les ateliers empuissancement, tél. : 78 87 12
Texte Frédérique de Jode
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